Les Années folles commencent en
1920 et se terminent en 1929 avec le début de la Grande Dépression.
À Paris, pendant la Première Guerre mondiale, la population n'a pas perdu l'art
de s'amuser. On fit la fête au début pour se moquer de l'ennemi et se donner du
courage : il allait prendre une belle raclée qui laverait l'affront de 1870 et
ferait oublier la honte de l'affaire Dreyfus pour l'armée française disait-on.
On poursuivit la fête ensuite, pour distraire les permissionnaires. Puis, quand trop d'horreurs eurent enlevé aux «
poilus » l'envie de rire, la fête continua pour se consoler.
Après la fin du conflit, une
génération nouvelle rêve d'un monde nouveau et proclame « Plus jamais ça ! ».
On s'empresse de lui proposer de nouvelles griseries sur fond de musique. Venu
d'Amérique avec les Alliés, le jazz fait son apparition mais également la
danse, la radio et les sports, les industries avec les électroménagers etc, sur
fond de très forte croissance économique...
L'utopie
positiviste du xixe siècle et son crédo progressiste font place à un
individualisme déchaîné et extravagant. André Gide et Marcel Proust donnent le
ton littéraire de cette tendance qui s'exacerbe et croît avec le mouvement dada
dont Tristan Tzara publie le manifeste. Le surréalisme d'André Breton n'est pas
loin. L'Art nouveau foisonnant, fauché par la guerre, cède la place aux épures
précieuses de l'Art déco.
Durant les Années folles, Montparnasse et Montmartre sont sans conteste les
lieux de Paris les plus célèbres et les plus fréquentés, abritant ses
prestigieux cafés tel la Coupole, le Dôme, la Rotonde et la Closerie des Lilas
ou les salons comme celui de Gertrude Stein rue de Fleurus.

Montmartre,
tout d'abord, constitue l'un des centres majeurs de ces lieux de rencontre
entre ces intellectuels. Le quartier présente un aspect de modernité avec
l'existence de trompettistes comme Arthur Briggs qui se produit à l'Abbaye.
Mais pour l'écrivain américain Henry Miller comme beaucoup d'autres étrangers
d'ailleurs, le carrefour Vavin-Raspail-Montparnasse est selon ses propres mots
« le nombril du monde ». Il y est d'ailleurs venu écrire sa série des
Tropiques.
À Paris,
c'est plus précisément la rive gauche de la Seine qui est principalement
concernée par les arts et les lettres, et tout cela se confirme durant les
années 1920. En témoignent d'ailleurs la forte concentration de créateurs qui
se sont installés au sein de la capitale française et qui occupent les places
du cabaret Le Bœuf sur le toit ou les grandes brasseries de Montparnasse. Les
écrivains américains de la « Génération perdue », à savoir notamment Scott
Fitzgerald, Henry Miller et Ernest Hemingway, y côtoient les exilés qui ont fui
les dictatures méditerranéennes et balkaniques. Il y a enfin les peintres qui
forment ce que l'on appellera par la suite « l'École de Paris »